Commentpeut-on obtenir les arrangements de «flexibilité» qui permettront d'atteindre les objectifs de la cohĂ©sion sociale? Les auteurs de cet ouvrage tentent de rĂ©pondre Ă  ces questions. TĂ©lĂ©charger. N° 15 - Concilier flexibilitĂ© du travail et cohĂ©sion sociale – Un dĂ©fi Ă  relever. Ce volume sur la flexibilitĂ© du travail pose la question des effets des rĂ©formes administratives
28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 2047 Pour Claude GuĂ©ant, le texte que prĂ©pare Manuel Valls sur les critĂšres de la rĂ©gularisation des Ă©trangers en situation clandestine aura pour consĂ©quence de crĂ©er des droits pour des personnes qui ont violĂ© la loi». INTERVIEW - Pour l'ancien ministre de l'IntĂ©rieur Claude GuĂ©ant, la ligne politique du gouvernement se rĂ©sume Ă  annuler ce qui a Ă©tĂ© fait sous Sarkozy. LE FIGARO. - Comment rĂ©agissez-vous aux dĂ©clarations de votre successeur au ministĂšre de l'IntĂ©rieur, Manuel Valls? Claude GUÉANT. - La ligne de la politique mise en Ɠuvre par le gouvernement Ayrault semble se rĂ©sumer Ă  annuler ce qui a Ă©tĂ© fait sous la prĂ©sidence de Nicolas Sarkozy, fĂ»t-ce au dĂ©triment des intĂ©rĂȘts fondamentaux de notre pays. Nous avons pu le constater, ces deux derniĂšres semaines, en matiĂšre Ă©conomique les mesures adoptĂ©es dans le collectif budgĂ©taire n'ont pour rĂ©sultat que de diminuer les revenus des Français et de ré­duire la compĂ©titivitĂ© des entreprises, alors qu'au contraire il conviendrait de stimuler et la consommation et la productivitĂ© française. En ce qui concerne l'immigration, et singuliĂšrement le volet naturalisation, les mesures que prĂ©conise Manuel Valls sont de na­ture Ă  porter gravement atteinte Ă  la cohĂ©sion sociale, alors mĂȘme que le gouvernement socialiste lui-mĂȘme ne cesse de proclamer sa volontĂ© de rassembler le pays. Dans quel Ă©tat d'esprit aviez-vous Ă©tabli en 2011 de nouveaux critĂšres d'accĂšs Ă  la naturalisation pour les Ă©trangers? Notre politique avait un objet et un seul faire en sorte que les naturalisations soient des succĂšs et que les nouveaux Français soient reconnus sans aucune rĂ©serve comme des Français Ă  part entiĂšre qu'ils sont. Devenir français, ce n'est pas le dĂ©but d'un parcours, c'est l'aboutissement d'une intĂ©gration, comme d'ailleurs Manuel Valls le reconnaĂźt. Nous avions Ă©tabli trois nouvelles conditions la premiĂšre, en vigueur depuis le 1er janvier 2012, faire preuve d'un minimum de connaissance de la langue française. C'est le niveau correspondant Ă  la fin de la scolaritĂ© obligatoire la troisiĂšme. C'est le critĂšre retenu par l'ensemble des pays europĂ©ens et d'autres comme le Canada. La deuxiĂšme mesure, applicable depuis le 1er juillet, consistait Ă  demander une connaissance minimale de notre histoire, de nos institutions, de notre culture, sous forme d'un QCM questionnaire Ă  choix multiple. LĂ  encore, cela me semble absolument normal et de bon sens qu'un Français connaisse les grands principes de la sociĂ©tĂ© dans laquelle il vit. Ce QCM a Ă©tĂ© testĂ© pendant plusieurs mois et il ne correspond en rien Ă  la description qu'en fait Manuel Valls. Enfin, il y a une troi­siĂšme mesure, qui consistait Ă  faire signer par les nouveaux Français une charte des droits et des devoirs» des citoyens, lors d'un entretien d'assimilation. La remise en cause de ces mesures est-elle le signal d'un assouplissement de la politique d'immigration? Je serais trĂšs choquĂ© que le gouvernement veuille revenir sur ces trois me­sures qui n'ont pour objet que de garantir la cohĂ©sion de notre pays. Je crois malheureusement que c'est un signal parmi beaucoup d'autres. Au SĂ©nat, Manuel Valls a confirmĂ© qu'il allait revoir les critĂšres de la rĂ©gularisation des Ă©trangers en situation clandestine. Le texte que prĂ©pare le ministre aura Ă  l'Ă©vidence pour consĂ©quence de crĂ©er des droits pour des personnes qui ont violĂ© la loi. Ce qui pose problĂšme. Il indique qu'un des critĂšres pourrait ĂȘtre celui de la scolarisation des enfants. Or tous les enfants Ă©trangers, quelle que soit la rĂ©gularitĂ© du sĂ©jour de leurs parents, sont accueillis dans nos Ă©coles. Cela signifie qu'il suffirait d'avoir des enfants pour avoir un droit dĂ©finitif au sĂ©jour. Manuel Valls dit aussi que le fait de travailler clandestinement pourrait donner droit au sĂ©jour. Autant dire que plus on est irrĂ©gulier, plus on enfreint la loi, plus on aurait droit au sĂ©jour. Je laisse les Français juger! J'ajoute que la crĂ©ation du forfait de 30 euros pour l'accĂšs Ă  l'aide mĂ©dicale d'État AME avait pour objectif de mettre fin Ă  une anomalie le plus pauvre des Français doit cotiser un minimum alors qu'un Ă©tranger clandestin pouvait ĂȘtre soignĂ© gratuitement. Le gouvernement remet en vigueur cette injustice. Quelle idĂ©ologie sous-tend ce changement de cap? Le trait commun de toutes ces mesures, on le trouve dans les publications de l'association Terra Nova, qui sert de laboratoire d'idĂ©es au PS. Ces publications disent que la classe ouvriĂšre est devenue ringarde et conservatrice et qu'elle doit ĂȘtre, en tant que clientĂšle Ă©lectorale, abandonnĂ©e par la gauche. Avec un total cynisme, ces publications affirment que puisque les personnes issues de l'immigration votent Ă  75% pour la gauche, la nouvelle clientĂšle Ă©lectorale Ă  cultiver pour le PS doit dĂ©sormais ĂȘtre celle des personnes issues de l'immigration. Par consĂ©quent, il faut augmenter l'immigration! La droite n'est pas contre l'immigration, mais elle veut maĂźtriser les flux migratoires afin que ceux qui sont lĂ©galement accueillis dans notre pays s'y sentent Ă  l'aise et y rĂ©ussissent. En revanche, favoriser une immigration incontrĂŽlĂ©e pour des motifs politiciens prĂ©sente de grands dangers pour la cohĂ©sion sociale et pour la prĂ©servation des valeurs de la RĂ©pu­blique. Published by Franck GUIOT
Lacrise financiĂšre, la montĂ©e de la prĂ©caritĂ© et de la pauvretĂ©, l’accroissement des inĂ©galitĂ©s mettent en pĂ©ril la cohĂ©sion de notre sociĂ©tĂ©. Le dĂ©litement du lien social est aussi aggravĂ© par le repli sur soi et la profonde mĂ©fiance des citoyens Ă  l’égard () Pour une rĂ©volution fiscale. par Camille Landais & Thomas Piketty & Emmanuel Saez. La fiscalitĂ© française
1 Aucune question n’est plus naturellement politique que celle de l’inĂ©galitĂ©. L’inĂ©galitĂ© n’est-elle pas au cƓur des interrogations Ă©thiques les plus Ă©videntes, celles qui motivent l’action collective ? La puissance publique ou, plus prĂ©cisĂ©ment, celui ou ceux qui la contrĂŽlent ne disposent-ils pas des moyens lĂ©gaux ou extra-lĂ©gaux, dans le pire des cas, de la modifier ? 2 Mais, Ă  la rĂ©flexion, le lien qui lie inĂ©galitĂ©s et politique est plus complexe que ce que suggĂšre l’immĂ©diatetĂ© du dĂ©bat sur les valeurs Ă  promouvoir et des programmes Ă  choisir. Si le pouvoir politique peut agir sur l’inĂ©galitĂ©, c’est donc que l’inĂ©galitĂ© en dĂ©coule et est seconde. Mais s’il y a dĂ©bat politique rĂ©current, en particulier sur la question des inĂ©galitĂ©s, comme si cette question Ă©tait une nouvelle toile de PĂ©nĂ©lope, aussitĂŽt dĂ©faite qu’elle s’élabore, n’est-ce pas que l’inĂ©galitĂ© nourrit les conflits d’intĂ©rĂȘt et les luttes politiques, et donc qu’elle est premiĂšre ? 3 Sans mĂȘme Ă©voquer les multiples dimensions de l’inĂ©galitĂ©, et les problĂšmes qui en dĂ©coulent, on voit ainsi que la dialectique de l’inĂ©galitĂ© et du politique n’a aucune raison de se rĂ©soudre simplement. 4 Avant donc de s’engager dans la voie des prescriptions et des prises de position, le temps de l’analyse s’impose. L’économie a fait des progrĂšs spectaculaires, depuis les travaux fondateurs de Serge-Christophe Kolm [1] [1] et Anthony Atkinson [2], dans la comprĂ©hension de l’inĂ©galitĂ© et la formation d’outils et de concepts propres Ă  la description et Ă  l’étude de l’inĂ©galitĂ©. Mais pour avancer dans l’étude de la double causalitĂ© entre politique et inĂ©galitĂ©s, ceux-ci ne suffisent pas, car ils ne portent pas sur les modalitĂ©s de la dĂ©cision politique. 5 C’est Ă  ce point que l’économie politique, entendue comme la thĂ©orie de la dĂ©cision politique, peut s’avĂ©rer utile et ouvrir de nouvelles perspectives sur l’inĂ©galitĂ© et l’enjeu des politiques publiques en matiĂšre de redistribution. 6 Cet article est consacrĂ© Ă  la prĂ©sentation d’études rĂ©centes significatives de cette recherche, afin d’en montrer l’intĂ©rĂȘt et le potentiel. La premiĂšre partie est consacrĂ©e Ă  l’impact de l’inĂ©galitĂ© sur le fait politique, tandis que la causalitĂ© inverse, qui va des institutions et des rĂ©gimes politiques, est briĂšvement prĂ©sentĂ©e dans la seconde partie. InĂ©galitĂ©s, institutions et politiques publiques 7 Posons-nous la question suivante en quoi les inĂ©galitĂ©s conditionnent-elles le choix politique et, en particulier, le choix en matiĂšre de redistribution, c’est-Ă -dire le choix de modifier les inĂ©galitĂ©s elles-mĂȘmes ? La thĂ©orie de l’électeur mĂ©dian 8 La premiĂšre rĂ©ponse, la plus simple, est acquise en posant cette question dans le cadre du rĂ©gime politique le plus simple, celui de la dĂ©mocratie directe oĂč la dĂ©cision est prise Ă  la majoritĂ© simple. Elle mobilise le concept et le thĂ©orĂšme de l’électeur mĂ©dian. 9 Le concept d’électeur mĂ©dian est un concept fondateur de l’économie politique et a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© pour aborder l’inĂ©galitĂ© et son impact sur les politiques publiques. Il remonte Ă  Harold Hotelling [3] et Anthony Downs [4]. Le corps Ă©lectoral est constituĂ© d’électeurs qui diffĂšrent uniquement par leurs revenus. Rangeons-les en fonction de leurs revenus et admettons que leur utilitĂ© dĂ©pend de leur consommation privĂ©e, assurĂ©e par leur revenu net d’impĂŽt, et d’un bien collectif, contrĂŽlĂ© par la puissance publique, financĂ© par l’impĂŽt. L’imposition est proportionnelle au revenu. Sous des conditions usuelles portant sur la fonction d’utilitĂ©, chaque individu aura un couple consommation/bien collectif prĂ©fĂ©rĂ©, en fonction de son revenu, ou encore un taux d’imposition prĂ©fĂ©rĂ©, puisque c’est, de fait, le taux d’imposition pratiquĂ© qui dĂ©cide du partage du revenu individuel entre consommation et bien collectif. Plus le taux d’imposition effectivement pratiquĂ© diffĂ©rera du taux prĂ©fĂ©rĂ© par un agent, Ă  la hausse ou Ă  la baisse, plus son utilitĂ© diminuera. Les prĂ©fĂ©rences des individus seront dites, en consĂ©quence, unimodales. Remarquons, alors, que les modes de ces prĂ©fĂ©rences en fonction des taux sont croissants avec les revenus. De cela, nous dĂ©duisons que le mode de l’électeur mĂ©dian, celui dont le revenu est la mĂ©diane de la distribution des revenus, est le mode mĂ©dian. La moitiĂ© des individus autres que le mĂ©dian prĂ©fĂšre un taux d’imposition plus Ă©levĂ©, tandis que l’autre moitiĂ© prĂ©fĂšre un taux plus faible. 10 Admettons maintenant que les citoyens aient le choix entre deux partis politiques, qui font des propositions sur cette seule question de la fourniture du bien collectif, donc sur le taux d’imposition. Chacun des Ă©lecteurs, du fait de l’unimodalitĂ© des prĂ©fĂ©rences, choisira le taux le plus proche de celui qu’il prĂ©fĂšre personnellement. Le parti prĂ©sentant le taux d’imposition le plus proche du taux mĂ©dian l’emporte, car au moins la moitiĂ© des Ă©lecteurs le prĂ©fĂšre Ă  celui proposĂ© par le parti plus extrĂȘme. En d’autres termes, il y a prime donnĂ©e au parti le plus centriste. 11 Faisons un pas de plus. ConsidĂ©rons que les deux partis en prĂ©sence cherchent Ă  accĂ©der au pouvoir. C’est pour cela, aprĂšs tout, que sont organisĂ©es les Ă©lections pour rĂ©guler l’accĂšs au pouvoir de ceux qui le dĂ©sirent. Dans ces conditions, chacun a intĂ©rĂȘt Ă  faire une proposition de taux la plus proche possible du taux prĂ©fĂ©rĂ© par l’agent mĂ©dian. Au total, c’est l’électeur mĂ©dian qui apparaĂźt comme l’électeur privilĂ©giĂ© par les partis politiques. Ainsi l’inĂ©galitĂ© conditionne-t-elle la politique publique, par le biais du jeu Ă©lectoral. 12 Passons maintenant Ă  la question de la politique de redistribution et du choix politique en la matiĂšre et montrons comment le thĂ©orĂšme de l’électeur mĂ©dian peut ĂȘtre utilisĂ© pour y rĂ©pondre. Le modĂšle statique inĂ©galitĂ©s et redistribution 13 Cette rĂ©ponse portant sur l’ampleur de la redistribution et, partant, sur la taille de l’État rejoint une des questions les plus constantes de la philosophie politique, celle de l’impact de la dĂ©mocratie sur l’organisation sociale et les rapports sociaux. Cette question fut en particulier centrale au XIXe siĂšcle, le siĂšcle oĂč la dĂ©mocratie et ses exigences Ă©lectorales s’imposaient graduellement et difficilement dans les pays de l’Europe de l’ouest et de l’AmĂ©rique du Nord [2]. Alexis de Tocqueville exprima parfaitement les dilemmes contemporains créés par l’extension du suffrage universel dans la mesure oĂč l’élargissement du corps Ă©lectoral et l’abaissement graduel du cens impliquaient d’intĂ©grer dans ce corps des Ă©lecteurs de plus en plus pauvres, ceux-ci n’utiliseraient-ils pas leur pouvoir Ă©lectoral dans le sens d’une plus grande redistribution en leur faveur, au dĂ©triment des riches, des propriĂ©taires et au risque ainsi de compromettre le dynamisme social et la prospĂ©ritĂ© ? En d’autres termes, la dĂ©mocratie ne contient-elle pas une exigence de redistribution incoercible, un Ă©galitarisme aussi absolu que mortel, car signifiant la fin de la sociĂ©tĂ© comme ensemble diffĂ©renciĂ© et organisĂ©, comme la nuĂ©e contient l’orage ? 14 L’économie politique a proposĂ© une rĂ©ponse rigoureuse Ă  cette question et susceptible de soulager le pessimisme radical d’un Tocqueville sur une dĂ©mocratie qu’il ne pouvait condamner, pour des raisons Ă©thiques et politiques, mais dont il redoutait les effets pervers. À la suite de Allan H. Meltzer et Scott F. Richard [6], modifions le canevas trĂšs simple que nous venons d’exposer. Celui-ci supposait que les revenus individuels Ă©taient donnĂ©s et, en consĂ©quence, non affectĂ©s par le choix du taux de taxe choisi par le corps Ă©lectoral. Imaginons maintenant que les agents disposent tous d’une mĂȘme quantitĂ© de temps, qu’ils doivent allouer entre travail et loisir. Le bien-ĂȘtre d’un agent dĂ©pend de sa consommation et de son loisir. Les individus se diffĂ©rencient les uns des autres par leur productivitĂ© du travail. La taxation du produit du travail, proportionnelle, finance le versement d’un transfert forfaitaire, identique pour tous les individus. En consĂ©quence, les agents les moins productifs Ă  taux donnĂ© bĂ©nĂ©ficient relativement plus de la politique de redistribution que les agents les plus productifs. Plus encore, tous les agents dont le revenu est supĂ©rieur au revenu moyen sont perdants nets Ă  l’impĂŽt, car ils payent plus d’impĂŽt qu’ils ne reçoivent de transfert. Mais la taxation, Ă©tant proportionnelle, est distorsive elle affecte le prix implicite du loisir en terme de consommation. Sous des hypothĂšses usuelles, plus un individu est productif, plus Ă©tant taxĂ© il choisit le loisir. Aucun agent n’est protĂ©gĂ© de ce mĂ©canisme. MĂȘme le moins productif des agents, toutes choses Ă©gales par ailleurs, est nĂ©gativement affectĂ© par une hausse marginale du taux d’imposition celle-ci correspond Ă  une moindre rĂ©munĂ©ration de son travail et l’incite Ă  choisir plus de loisir. Ce dernier effet sert de frein Ă  une hausse du taux d’imposition. Tout agent a un taux d’imposition prĂ©fĂ©rĂ©, qui est nĂ©cessairement infĂ©rieur Ă  1, mĂȘme pour l’individu le moins productif et donc le plus pauvre. L’égalitarisme est impossible. 15 ComplĂ©tons le raisonnement. Les taux d’imposition prĂ©fĂ©rĂ©s par les agents sont fonction de leur productivitĂ©, et les prĂ©fĂ©rences en matiĂšre de taux sont unimodales pour tous les individus. Plus un individu est pauvre, plus il souhaite un taux d’imposition Ă©levĂ©, car sa faible productivitĂ© le protĂšge des effets distorsifs de l’imposition, tandis qu’il bĂ©nĂ©ficie relativement beaucoup des transferts. Le taux d’imposition prĂ©fĂ©rĂ© par l’agent Ă  la productivitĂ© mĂ©diane est le taux d’imposition mĂ©dian. 16 Ainsi, lorsque la dĂ©cision de fixer le taux d’imposition est l’objet d’une compĂ©tition Ă©lectorale, par le mĂȘme mĂ©canisme que prĂ©cĂ©demment, le taux qui prĂ©vaut est le taux mĂ©dian, qui recueille une majoritĂ© simple des votes. Deux consĂ©quences peuvent ĂȘtre tirĂ©es de ce modĂšle. La premiĂšre est relative Ă  la crainte exprimĂ©e par Tocqueville. La dĂ©mocratie trouve en elle-mĂȘme les limites Ă  la puissance du suffrage universel. Parce que les Ă©lecteurs ne peuvent s’affranchir pour eux-mĂȘmes des lois qu’ils contribuent Ă  voter, la tendance Ă  la redistribution ne peut ĂȘtre poussĂ©e Ă  ses limites logiques, l’égalitarisme absolu. La deuxiĂšme concerne la taille de l’État, qui eut au XXe siĂšcle la mĂȘme importance que la question de l’extension de la dĂ©mocratie au siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Le modĂšle de Meltzer et Richard offre une solution Ă©lĂ©gante Ă  cette question l’ampleur des transferts, ici assimilĂ© Ă  l’importance relative de l’État, est fonction de la diffĂ©rence entre le revenu de l’électeur mĂ©dian et le revenu moyen dans l’économie. Plus cette diffĂ©rence est grande, plus l’électeur mĂ©dian bĂ©nĂ©ficie du transfert forfaitaire et souhaite donc un taux d’imposition Ă©levĂ©. InĂ©galitĂ©s, redistribution et croissance 17 En 1993, Alberto Alesina et Dani Rodrick [7] ont proposĂ© une extension dynamique intĂ©ressante de la construction de Meltzer et Richard qui est purement statique, de façon Ă  poser ainsi la question de savoir si les inĂ©galitĂ©s sont favorables ou non Ă  la croissance. Il s’agit lĂ  encore d’une question sensible. DerriĂšre la formulation apparemment neutre de la question qui semble de l’ordre des faits, il y a un enjeu politique certain. Dans une logique libĂ©rale, on peut avancer que les inĂ©galitĂ©s sont la contrepartie de la croissance, car elles sont liĂ©es Ă  des incitations fortes Ă  travailler, Ă  Ă©pargner ou Ă  investir, et donc qu’une tentative de les rĂ©duire revient Ă  brider la croissance. Dans une logique sociale-dĂ©mocrate », on soutiendra que les inĂ©galitĂ©s sociales nuisent Ă  la cohĂ©sion sociale, alors que celle-ci est, Ă  moyen terme, la condition d’une croissance Ă©levĂ©e. 18 Sur le plan des faits, la relation la plus fameuse entre inĂ©galitĂ© des revenus et croissance est celle Ă©tablie par Simon Kuznets en 1955. Celui-ci avance que la relation est non monotone. L’inĂ©galitĂ© croĂźt aux premiers stades de la croissance d’un pays, puis dĂ©croĂźt avec la croissance lorsque le pays a atteint un certain niveau de richesse. 19 Sur le plan thĂ©orique, Alesina et Rodrick abordent la question des liens entre inĂ©galitĂ©s et croissance par le biais d’un modĂšle de croissance endogĂšne trĂšs simple. Ces modĂšles ont en gĂ©nĂ©ral une propriĂ©tĂ© qui est de montrer que les dĂ©penses publiques Ă  des fins productives peuvent affecter le taux de croissance Ă  long terme d’une Ă©conomie. 20 Dans ces conditions, il se crĂ©e un dilemme les prĂ©lĂšvements obligatoires doivent-ils ĂȘtre affectĂ©s au financement d’une politique de redistribution et de correction des inĂ©galitĂ©s, le cas Ă©chĂ©ant par des transferts forfaitaires, ou Ă  des dĂ©penses productives soutenant la croissance ? 21 Supposons que la dĂ©cision se prenne Ă  la majoritĂ© simple et se fasse aux dĂ©buts des temps ». Il s’agit donc de choisir le sentier des taux d’imposition et des dĂ©penses publiques, et donc de choisir le sentier de croissance. Si les agents sont diffĂ©renciĂ©s par des dotations initiales diffĂ©rentes, ils auront des opinions divergentes sur ces points. Par un raisonnement similaire Ă  celui exposĂ© plus haut, Alesina et Rodrick montrent que plus un agent est pauvre, plus il est favorable Ă  une politique de redistribution au dĂ©triment d’une politique de soutien Ă  la croissance. Parce que le thĂ©orĂšme de l’électeur mĂ©dian s’applique dans cette Ă©conomie, la dĂ©cision politique est celle prĂ©fĂ©rĂ©e par l’électeur mĂ©dian. En consĂ©quence, plus la dotation initiale de celui-ci sera faible par rapport Ă  la dotation moyenne, plus l’imposition sera lourde et affectĂ©e Ă  la redistribution. En ce sens, purement thĂ©orique, l’inĂ©galitĂ© nuit Ă  la croissance. 22 Cependant, l’argument prĂ©sentĂ© est en fait contraire Ă  l’argument social-dĂ©mocrate rappelĂ© plus haut, puisque l’impact nĂ©gatif est dĂ» Ă  l’existence mĂȘme de programmes redistributifs. 23 Alesina et Rodrick ont avancĂ© des vĂ©rifications empiriques semblant valider leur thĂ©orie. Des Ă©tudes ultĂ©rieures ont abouti Ă  des rĂ©sultats contradictoires de sorte que le doute prĂ©vaut quant Ă  la relation entre inĂ©galitĂ©s et croissance. C’était, d’une certaine façon, dĂ©jĂ  le message prĂ©figurĂ© par la courbe de Kuznets tant de choses interfĂšrent dans cette relation, Ă  commencer par le niveau de dĂ©veloppement atteint par le pays, qu’il n’est pas Ă©tonnant qu’il soit impossible d’établir une relation claire et stable entre ces deux variables. Mais il n’est pas douteux que les politiques publiques, et donc le poids des facteurs proprement politiques, jouent un rĂŽle de premier plan dans cette relation. 24 Hubert Kempf et StĂ©phane Rossignol [8] ont poursuivi dans cette ligne thĂ©orique pour Ă©tudier le lien entre protection de l’environnement et inĂ©galitĂ©. Utilisant un modĂšle similaire Ă  celui d’Alesina et Rodrick, oĂč le dilemme se trouve entre dĂ©penses publiques et dĂ©penses de protection de l’environnement, ils montrent que l’inĂ©galitĂ© est nuisible Ă  l’environnement plus l’électeur mĂ©dian est pauvre par rapport Ă  la dotation initiale moyenne, plus il privilĂ©gie les dĂ©penses publiques en faveur de la croissance, au dĂ©triment de la politique de protection de l’environnement. Ainsi, l’usage des outils de l’économie politique amĂšne Ă  rĂ©examiner, sous un angle nouveau, des questions anciennes. Dans le cas d’espĂšce, il apparaĂźt que l’étude de la politique environnementale ne peut se dissocier de ses implications sociales et politiques. InĂ©galitĂ©s, hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© et redistribution 25 Les explications prĂ©cĂ©dentes ont supposĂ© une sociĂ©tĂ© homogĂšne, sauf sur le point de la distribution des revenus. À l’évidence, c’est lĂ  une hypothĂšse extrĂȘmement restrictive. L’observation la plus fruste ou superficielle des sociĂ©tĂ©s, tant contemporaines que passĂ©es, est que celles-ci sont des sociĂ©tĂ©s de sociĂ©tĂ©s », qu’elles sont segmentĂ©es, compartimentĂ©es en fonction des caractĂ©ristiques ethniques, des appartenances religieuses diffĂ©rentes ou des facteurs quasi institutionnels comme des attributs statutaires ou de rang. 26 Cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© se combine et interagit avec l’inĂ©galitĂ© au point qu’il devient extrĂȘmement difficile de repĂ©rer des liens de causalitĂ©. Sur le plan empirique, la corrĂ©lation entre le degrĂ© de segmentation ethnique d’une sociĂ©tĂ© et son degrĂ© d’inĂ©galitĂ©, mesurĂ© par le coefficient de Gini, est forte. Cela peut s’expliquer par diverses raisons. Par le biais de migrations, des ethnies aux capacitĂ©s techniques ou productives diffĂ©rentes sont amenĂ©es Ă  cohabiter sur le mĂȘme territoire. Pour des raisons politiques, une ethnie domine l’autre et s’approprie des ressources plus productives, ou encore l’une est contrainte Ă  n’exercer que des activitĂ©s moins rĂ©munĂ©ratrices. Enfin, les moyens de la collectivitĂ© et les politiques publiques favorisent de façon disproportionnĂ©e une communautĂ© dominante, renforçant ainsi sa domination. Par exemple, Oded Galor et Omer Moav [9] ont dĂ©veloppĂ© une thĂ©orie expliquant l’inĂ©galitĂ© de long terme Ă  l’appropriation initiale des moyens physiques. 27 Pour ce qui est des politiques publiques, la segmentation communautaire ou ethnique joue un rĂŽle crucial. Associons le fait communautaire Ă  un sentiment de solidaritĂ© entre les membres de la communautĂ© et de destin commun. À distribution des revenus dans la sociĂ©tĂ© donnĂ©e, plus celle-ci sera divisĂ©e en communautĂ©s diffĂ©rentes, plus cette segmentation diminuera l’ampleur des politiques redistributives. Les individus seront d’autant plus rĂ©ticents Ă  ce que l’État assume des politiques de transfert qu’ils auront le sentiment que ces politiques serviront Ă  des communautĂ©s autres que la leur. Cela peut s’expliquer par divers mĂ©canismes. L’altruisme d’un individu est circonscrit aux membres de sa communautĂ© ; les communautĂ©s ont des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques ou politiques divergents voire opposĂ©s, et la politique de redistribution sert de façon disproportionnĂ©e une communautĂ© plutĂŽt qu’une autre, ce qui fait que la dĂ©cision politique, par exemple Ă  la majoritĂ© simple, conduit Ă  une redistribution rĂ©duite. Enfin, il se peut que certaines ou toutes les communautĂ©s composant une nation aient leurs propres mĂ©canismes de compensation des inĂ©galitĂ©s qu’elles connaissent en leur sein ; dans ces conditions, le support pour une politique de redistribution, Ă  l’échelle de la nation tout entiĂšre, est faible. 28 Roberto Alesina, Reza Baqir et William Easterly [10] montrent ainsi, dans une analyse statistique trĂšs dĂ©sagrĂ©gĂ©e de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, qu’aux États-Unis le facteur racial est une des causes qui expliquent la faible redistribution opĂ©rĂ©e par les programmes publics et le faible engagement pour des biens collectifs. InĂ©galitĂ©s et dĂ©cisions politiques 29 Le thĂ©orĂšme de l’électeur mĂ©dian s’applique dans un contexte politique particulier, celui oĂč la dĂ©cision politique est prise Ă  la majoritĂ© simple, sans que les mĂ©canismes institutionnels ou proprement politiques n’aient d’épaisseur. Si l’on prend en compte des mĂ©canismes plus sophistiquĂ©s et/ou plus rĂ©alistes, l’inĂ©galitĂ© prend une importance nouvelle. On pense, en particulier, Ă  la capacitĂ© de se mobiliser et de faire pression sur la prise de dĂ©cision politique. Faisant abstraction de la difficultĂ© intrinsĂšque de former des groupes d’intĂ©rĂȘt, les riches pĂšseront d’un poids plus grand que les pauvres par le biais de leur capacitĂ© Ă  se mobiliser. Deux raisons Ă  cela ils ont plus Ă  perdre et ils peuvent mobiliser des ressources pour les activitĂ©s de lobby plus Ă©levĂ©es. 30 Si la thĂ©orie des groupes de pression s’est rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©e d’un point de vue thĂ©orique, le lien n’a pourtant pas Ă©tĂ© fait avec l’inĂ©galitĂ© des revenus ou des ressources. 31 Une autre voie par laquelle l’inĂ©galitĂ© affecte la politique est par le biais de la corruption et du contournement des rĂšgles de droit. Edward Glaeser, JosĂ© Scheinkman et Andrei Schleifer [11] ont proposĂ© un modĂšle de corruption des juges. Le point saillant de leur modĂšle est que la corruption s’accroĂźt avec l’inĂ©galitĂ© dans la mesure oĂč les ressources d’un individu conditionnent sa capacitĂ© Ă  influencer la dĂ©cision d’un juge. En cas d’égalitĂ© des ressources, la corruption ne se produit pas, car les parties d’un procĂšs peuvent Ă©quilibrer leurs pressions sur le juge. En revanche, en cas d’inĂ©galitĂ©, la capacitĂ© du plus riche d’inflĂ©chir la dĂ©cision est nette. Cette thĂšse est confortĂ©e par l’étude empirique de Jong-Sung You et Sanjeev Khagram [12] qui trouvent une relation statistiquement significative entre inĂ©galitĂ© et corruption. InĂ©galitĂ©s et institutions 32 L’inĂ©galitĂ© qui a la capacitĂ© Ă  affaiblir l’État de droit et les institutions peut ainsi mettre en pĂ©ril la dĂ©mocratie elle-mĂȘme. Empiriquement, il existe une corrĂ©lation nette entre la dĂ©mocratie et l’inĂ©galitĂ©. 95 % des pays plus Ă©galitaires que la moyenne, en utilisant comme mesure de l’inĂ©galitĂ© le coefficient de Gini, sont classĂ©s comme dĂ©mocraties », mais seulement 75 % des pays ont un coefficient de Gini supĂ©rieur Ă  la moyenne. 33 Le sens de la causalitĂ©, selon Stanley L. Engerman et Kenneth L. Sokoloff [13], va de l’inĂ©galitĂ© Ă  la dĂ©mocratie. Sur des donnĂ©es de longue pĂ©riode multisĂ©culaires, plus l’inĂ©galitĂ© initiale est forte, moins la probabilitĂ© que s’établisse un rĂ©gime dĂ©mocratique est Ă©levĂ©. C’est aussi le sens des travaux de Daron Acemoglu et James Robinson [14]. Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons, dont la manipulation des processus politiques et lĂ©gaux par les classes les plus riches ou les secteurs Ă©conomiques les plus efficaces. L’impact des institutions politiques sur les inĂ©galitĂ©s 34 Si les dĂ©bats politiques courants et l’histoire politique nous montrent Ă  l’envi que les considĂ©rations sociales jouent un rĂŽle majeur dans les propositions partisanes et les programmes des gouvernements, il est moins Ă©vident d’identifier un lien de causalitĂ© inverse. Il se peut que les institutions politiques elles-mĂȘmes façonnent les inĂ©galitĂ©s, et en particulier la distribution des revenus ou des opportunitĂ©s. Cet impact, s’il existe, se fait sentir sur la longue pĂ©riode et par la succession des gĂ©nĂ©rations. Mais tant de mutations et de changements se produisent au cours du temps que le repĂ©rage d’un effet de causalitĂ© permanent et structurant est particuliĂšrement difficile. De plus, comme nous venons de le voir, on peut avancer que l’inĂ©galitĂ© elle-mĂȘme modĂšle ou influence les formes du jeu politique et, en particulier, l’avĂšnement de la dĂ©mocratie. Le rĂŽle de la dĂ©mocratie ou de la dictature sur l’inĂ©galitĂ© 35 L’idĂ©e que les structures politiques et les institutions façonnent l’organisation Ă©conomique et sociale Ă©tait, en fait, au cƓur de la rĂ©flexion d’un Tocqueville. La dĂ©mocratie politique, ou encore la passion pour la libertĂ©, ne pouvait que couver une passion pour l’égalitĂ©, ou encore une dĂ©mocratie sociale. 36 Tocqueville raisonne sur ce que nous appellerions de nos jours les prĂ©fĂ©rences » collectives. Mais il est d’autres mĂ©canismes plus simples qui peuvent faire le lien entre institutions et inĂ©galitĂ©s. 37 Il n’est, par exemple, pas vain de remarquer que les institutions dĂ©mocratiques font que les gouvernements Ă©lus se prĂ©occupent d’éducation et de formation. Soit pour des raisons idĂ©ologiques la dĂ©mocratie requiert des citoyens capables d’intervenir dans le dĂ©bat public et donc formĂ©s. Soit pour des raisons pragmatiques d’enrichissement le dĂ©veloppement de la dĂ©mocratie est indissociable du dĂ©veloppement de l’économie marchande, et les Ă©lites qui gouvernent les deux processus partagent l’idĂ©e que la formation, la science et les techniques sont indispensables. Or l’éducation, en modifiant la structure des qualifications, modifie Ă  terme la distribution des revenus. Il est difficile de savoir si c’est dans le sens d’une rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s ou non. Selon les pays, les deux cas se sont succĂ©dĂ© au cours du temps. Mais, en tout Ă©tat de cause, il y a lĂ  un mĂ©canisme de causalitĂ© important, qui lie institutions et inĂ©galitĂ©s. 38 Il faut mentionner, dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, l’émergence du fait syndical et de la manifestation collective des salariĂ©s. Les syndicats ont, en gĂ©nĂ©ral, eu une politique dĂ©favorable Ă  l’accroissement des inĂ©galitĂ©s probablement parce que celles-ci vont de pair avec une individualisation des rĂ©munĂ©rations qui rend plus difficile ou est mĂȘme incompatible l’action collective, qui est la raison mĂȘme des syndicats. La structure de la reprĂ©sentation syndicale, selon qu’elle est centralisĂ©e ou non, qu’elle est quasiment incorporĂ©e Ă  l’appareil d’État, joue aussi un rĂŽle sur la distribution des revenus. Mais cette tendance a pu avoir ses effets pervers et contribuer Ă  accroĂźtre les inĂ©galitĂ©s par le biais des travailleurs rejetĂ©s pour une raison ou une autre de la protection syndicale chĂŽmeurs, salariĂ©s dans des secteurs non syndiquĂ©s, salariĂ©s au statut prĂ©caire, etc. 39 Enfin, se pose la question de l’impact de l’idĂ©ologie sur l’action politique en matiĂšre de redistribution. Le socle idĂ©ologique scandinave est trĂšs diffĂ©rent de celui qui structure la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. Il en rĂ©sulte des attitudes politiques trĂšs diffĂ©rentes Ă  l’égard du bien-fondĂ© d’une politique de redistribution. Mais il s’agit lĂ  d’un terrain, celui de la formation et de la propagation des valeurs, sur lequel l’économiste est bien mal armĂ© pour avancer des explications probantes [3]. Le rĂŽle des rĂ©gimes politiques dans la distribution des revenus 40 Le rĂ©gime politique, mĂȘme au sein de la dĂ©mocratie, s’avĂšre avoir un impact sur les politiques de redistribution. Un systĂšme Ă©lectoral majoritaire pousse les responsables politiques Ă  se prĂ©occuper plutĂŽt de l’électeur mĂ©dian, quitte Ă  accorder une moindre importance aux extrĂȘmes de la distribution c’est la fameuse protection de la classe moyenne ». Un rĂ©gime Ă©lectoral fondĂ© sur la rĂšgle proportionnelle sera, lui, plutĂŽt favorable aux politiques de transferts vers les pauvres Ă©tant plus nombreux, la distribution des revenus est biaisĂ©e, c’est lĂ  que se trouvent les rĂ©serves de voix les plus nombreuses [4]. De mĂȘme, un rĂ©gime politique Ă  juridictions multiples, dans lequel les obstacles Ă  la mobilitĂ© sont faibles, aura tendance, sous l’impact de la concurrence fiscale entre juridictions, Ă  limiter l’ampleur de la redistribution les riches et les possesseurs de capital peuvent aisĂ©ment Ă©chapper Ă  l’impĂŽt en migrant et en changeant de rĂ©sidence. La fĂ©conditĂ© de l’économie politique 41 La question sociale » se pose de nos jours dans des termes trĂšs diffĂ©rents de ceux utilisĂ©s au XIXe siĂšcle. Le fait de l’industrialisation, nouveau, surprenant et difficilement comprĂ©hensible alors, est maintenant acquis. À bien des Ă©gards, la mondialisation, tant dĂ©battue actuellement, n’en est qu’un avatar qui ne requiert pas d’outils intellectuels ou thĂ©oriques trĂšs diffĂ©rents de ceux que nous possĂ©dons. 42 La question n’est plus celle de l’intĂ©gration dans le salariat de travailleurs venant d’une sociĂ©tĂ© paysanne, ce qui posait le problĂšme de la pĂ©rennitĂ© du capitalisme. Ce qui fait plutĂŽt problĂšme, c’est la cohĂ©sion de sociĂ©tĂ©s toujours plus complexes et segmentĂ©es, en expansion continue et, Ă  certains Ă©gards, rendues toujours plus fragiles du fait de cette complexitĂ© et de cette expansion. 43 Mais, dans un cas comme dans l’autre, l’inĂ©galitĂ© est au cƓur de la question de la cohĂ©sion sociale. Elle lui est intimement liĂ©e, car elle explique les tensions au sein 44 d’une sociĂ©tĂ© autant qu’elle en dĂ©coule. À ce titre, elle est Ă©minemment politique et ne peut ĂȘtre comprise sans que soient prises en compte des considĂ©rations de pouvoir. L’économie politique, parce qu’elle cherche Ă  expliciter et Ă  rendre compte des stratĂ©gies et des dĂ©cisions des gouvernements et des partis politiques, est donc logiquement appelĂ©e Ă  analyser ce nƓud complexe. S’il n’est pas de rĂ©sultat issu de cette approche qui puisse ĂȘtre tenu pour acquis, les Ă©tudes Ă©voquĂ©es ici montrent, nous l’espĂ©rons, sa fĂ©conditĂ©. // Notes [1] Les chiffres entre crochets renvoient Ă  la bibliographie en fin d’article. [2] Sur l’histoire de la dĂ©mocratie en France et des dĂ©bats qu’elle a nourris, on consultera Pierre Rosanvallon [5]. [3] L’analyse de Yann Algan et Pierre Cahuc [15] est exemplaire des tentatives pour lier mentalitĂ©s collectives, agencements institutionnels et politiques publiques, tout en utilisant les outils d’analyse usuels des Ă©conomistes. [4] Cf. Torsten Persson et Guido Tabellini [16], Gian Maria Milesi-Feretti, Roberto Perotti, Massimo Rostagno [17]. [1]KOLM SERGE-CHRISTOPHE, The optimal production of social justice », in Guitton H. et Margolis J. sous la direction de, Économie publique, Paris, CNRS, 1968, p. 109-77.[2]ATKINSON ANTHONY, Economics of inequality, Oxford, Oxford University Press, ligne[3]HOTELLING HAROLD, Stability in competition », Economic Journal, 1929, vol. 39, p. 41-57.[4]DOWNS ANTHONY, An Economic Theory of Democracy, New York, Harper and Row, 1957.[5]ROSANVALLON PIERRE, Le Sacre du citoyen. Histoire du suffrage universel en France, Paris, Gallimard, 2001, coll. Folio Histoire ».En ligne[6]MELTZER ALLAN H., RICHARD SCOTT F., A rational theory of the size of government », Journal of Political Economy, 1981, vol. 89, p. ligne[7]ALESINA ALBERTO, RODRICK DANI, Distributive politics and economic growth », Quarterly Journal of Economics, 1993, vol. 109, p. ligne[8]KEMPF HUBERT, ROSSIGNOL STÉPHANE, Is inequality harmful for the environment ? », Economics and Politics, 2007, vol. 19, p. ligne[9]GALOR ODED, MOAV OMER, From physical to human capital inequality in the process of development », Review of Economic Studies, 2004, vol. 71, p. ligne[10]ALESINA ROBERTO, BAQIR REZA, EASTERLY WILLIAM, Public goods, and ethnic divisions », Quarterly Journal of Economics, 1999, vol. 114, p. ligne[11]GLAESER EDWARD, SCHEINKMAN JOSÉ, SCHLEIFER ANDREI, The injustice of inequality », Journal of Monetary Economics, 2003, vol. 50, p. 199-222.[12]YOU JONG-SUNG, KHAGRAM SANJEEV, Inequality and corruption », Hauser Center for Nonprofit Organizations, Harvard, Harvard University, 2004, wp. ligne[13]ENGERMAN STANLEY L., SOKOLOFF KENNETH L., Factor endowments, inequality and paths of development among new world economies », Economia, 2002, vol. 3, p. 41 ligne[14]ACEMOGLU DARON, ROBINSON JAMES, Economic Origins of Dictatorship and Democracy, Cambridge, Cambridge University Press, 2006.[15]ALGAN YANN, CAHUC PIERRE, La sociĂ©tĂ© de dĂ©fiance comment le modĂšle social français s’autodĂ©truit, Paris, CEPREMAP, 2007.[16]PERSSON TORSTEN, TABELLINI GUIDO, Is inequality harmful for growth », American Economic Review, 2003, vol. 84, p. 600- ligne[17]MILESI-FERETTI GIAN MARIA, PEROTTI ROBERTO, ROSTAGNO MASSIMO, Electoral rules and public spending », Quarterly Journal of Economics, 2002, vol. 117, p. 609-658. Desliens sociaux Ă  la cohĂ©sion sociale Niveaux de santĂ©, de bien-ĂȘtre et de cohĂ©sion sociale des populations Contrastes et inĂ©galitĂ©s entre territoires, entres groupes sociaux et Ă  l’international État de santĂ© : une articulation de dĂ©terminants DiversitĂ©s des dĂ©terminants Interactions des dĂ©terminants : modĂšles explicatifs ProblĂ©matiques sociales et reconnaissance des
Pour affronter les dĂ©fis du moment, la sociĂ©tĂ© a besoin de cohĂ©sion sociale. Pourtant, celle-ci ne se dĂ©crĂšte pas, elle est intimement liĂ©e au niveau d’équitĂ© observĂ© dans l’enseignement. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Chef du service SociĂ©tĂ© PubliĂ© le 9/01/2022 Ă  1553 Temps de lecture 6 min Sentiment de dĂ©classement social, dĂ©saffiliation face aux piliers du systĂšme dĂ©mocratique, absentĂ©isme Ă©lectoral, montĂ©e des populismes
 D’un engrenage Ă  l’autre, on observe un Ă©largissement des fractures au sein de notre sociĂ©tĂ©. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt portĂ© aujourd’hui, tant par les chercheurs en sciences sociales que par des responsables politiques, au concept de cohĂ©sion sociale ». Pour faire simple, disons qu’on parle de cohĂ©sion sociale forte lorsque se dĂ©veloppent des liens solides entre habitants d’un mĂȘme quartier, d’une mĂȘme ville, d’une mĂȘme rĂ©gion
 et que ces liens transcendent les diffĂ©rences entre classes sociales, entre gĂ©nĂ©rations, entre niveaux d’éducation. Cet article est rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Avec cette offre, profitez de L’accĂšs illimitĂ© Ă  tous les articles, dossiers et reportages de la rĂ©daction Le journal en version numĂ©rique Un confort de lecture avec publicitĂ© limitĂ©e Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Aussi en Enseignement RentrĂ©e acadĂ©mique le conseil de ValĂ©rie Glatigny aux Ă©tudiants La rentrĂ©e approche et la ministre de l’Enseignement supĂ©rieur adresse un message aux Ă©tudiants. Le mode d’emploi pour tout comprendre Ă  la rentrĂ©e scolaire RentrĂ©e scolaire 2022 voici tout ce qui change Ă  partir du 29 aoĂ»t EnquĂȘte Le covid a fait bondir les secondes sessions en secondaire Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin RentrĂ©e scolaire voici les nouvelles rĂšgles qui entrent en vigueur Voir plus d'articles Allez au-delĂ  de l'actualitĂ© DĂ©couvrez tous les changements DĂ©couvrir À la Une Le prix du diesel passe Ă  nouveau la barre des 2 euros le litre EnquĂȘte Le covid a fait bondir les secondes sessions en secondaire Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Bruxelles ce qui change sur le rĂ©seau Stib Ă  partir de la semaine prochaine Wallonie bientĂŽt la fin de la tolĂ©rance pour les radars tronçons des routes rĂ©gionales? carte interactive Gouvernement fĂ©dĂ©ral une rentrĂ©e politique sous le signe du budget Par Maxime BiermĂ© et Martine Dubuisson Assassinat de la fille d’un idĂ©ologue proche de Poutine un groupe russe aurait revendiquĂ© l’attaque rĂ©fĂ©rences 5 facteurs qui font grimper le salaire Nouveau job faut-il mentir pour avoir un salaire plus Ă©levĂ© ? Lettre de dĂ©mission du changement dĂšs l’annĂ©e prochaine Voir les articles de rĂ©fĂ©rences rĂ©fĂ©rences Tous les jobs Retour en haut du site Belgique Monde Économie Sports Culture Opinions Techno Sciences et santĂ© So Soir Soirmag Images Le choix de la rĂ©daction Dossiers Archives Rossel Rossel Advertising References Cinenews L'Echo SudInfo Metro Grenz Echo La Voix du Nord Vlan Rendez-vous En mĂ©moire Sillon belge App Store Optimization Immovlan VLANSHOP
Commentparvenir Ă  cette cohĂ©sion sociale et Ă  la rĂ©conciliation nationale en CĂŽte d'Ivoire selon les concernĂ©s ? Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, nous posons le problĂšme dans la problĂ©matique, ensuite nous exposerons la mĂ©thodologie de recueil des donnĂ©es et enfin nous prĂ©senterons les rĂ©sultats de l'enquĂȘte et la discussion de ceux-ci. ProblĂ©matique La cohĂ©sion sociale est une

Notez, un dĂ©putĂ© national toucherait actuellement, selon des sources crĂ©dibles, au moins 4 030$ ; et environ 6 000$ pour les sĂ©nateurs le mois. Les dĂ©putĂ©s provinciaux, eux, recevraient chacun 2 500$. Les ministres nationaux envoisineraient les 15 000$ de salaire mis Ă  part tous les autres avantages, mais au niveau provincial, un ministre aurait 5 000$ de salaire brut. Le gouverneur de province touchait jusque 2011, plus de 10 000 dollars mensuel, officiellement. Qu’en est-il des autres couches de la sociĂ©tĂ© ? Militaires et policiers de grade moyen franchissent peu souvent la barre de 100$. Il en est de mĂȘme des enseignants, des infirmiers et de plusieurs autres agents du mĂȘme secteur de l’administration publique. Ici, on se rend clairement compte que le salaire d’un agent de sĂ©curitĂ© militaire et policier entre 110 fois dans celui d’un dĂ©putĂ© national qu’il est tenu de sĂ©curiser. Celui d’un sĂ©nateur cooptĂ© est 130 fois plus supĂ©rieur que celui d’un infirmier qui le soigne ou d’un enseignant qui l’a instruis. Ces inĂ©galitĂ©s se font aussi ressentir dans le secteur commercial oĂč l’on observe que de nombreux hommes d’affaires rĂ©alisent des gros bĂ©nĂ©fices pour ne payer que des miettes aux travailleurs qui les ont pourtant permis d’atteindre leurs bon rĂ©sultats. Bref, on sait voir que des inĂ©galitĂ©s sociales sont profondes mais surtout artificielles. Elles sont fabriquĂ©s. Or, les inĂ©galitĂ©s sociales, la pauvretĂ© ou la prĂ©caritĂ©, l’exclusion sont des entraves Ă  la cohĂ©sion sociale. Non seulement, elles parmi les causes de la plupart d’homicides commis en RDC. Contrairement a ce que pense plus d’un homme, les classes les plus dĂ©munies ne sont pas en elles-mĂȘmes dangereuses, mais le fait de mener des politiques d’exclusion et d’inĂ©galitĂ©, peuvent les rendre assez dangereuses. De mĂȘme, les Ă©conomistes d’opinion keynĂ©sienne estiment que les inĂ©galitĂ©s sociales sont un frein Ă  la croissance Ă©conomique car aprĂšs qu’elles diminuent la consommation des mĂ©nages, elles provoquent aussi la hausse du taux de chĂŽmage. Nous pouvons donc fournir un effort pour rĂ©duire ces inĂ©galitĂ©s dans notre sociĂ©tĂ© si nous visons rĂ©ellement amplifier la cohĂ©sion sociale. l’Ɠil de l’économiste Post Views 14 778

Lacohésion sociale, Fada N'Gourma. 28 likes. Vivre ensemble

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Lanouvelle analyse montre que les personnes faiblement qualifiĂ©es continuent de dĂ©crocher du marchĂ© du travail, Ă  l’heure oĂč les prestations sociales sont moins adĂ©quates. Par ailleurs, les inĂ©galitĂ©s croissantes dans divers domaines continuent de Points de vue 30 mai 2017 - Reproduction interditeLes inĂ©galitĂ©s de revenus progressent parce que les plus favorisĂ©s en veulent toujours plus. Soit on assume le phĂ©nomĂšne, soit on se donne les moyens d’une plus grande solidaritĂ©. Par Anne Brunner et Louis Maurin de l’Observatoire des inĂ©galitĂ©s. Extrait du Rapport sur les inĂ©galitĂ©s en France, Ă©dition 2017 ». Ce texte est extrait du Rapport sur les inĂ©galitĂ©s en France, sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, Ă©dition de l’Observatoire des inĂ©galitĂ©s, juin 2017, 176 p., 8,50 €. Le tableau des inĂ©galitĂ©s brossĂ© par l’édition 2017 du Rapport sur les inĂ©galitĂ©s en France ne pousse pas Ă  l’optimisme. Les classes favorisĂ©es, gourmandes, en veulent toujours plus » [1]. Rien de nouveau, mais le refus de voir les inĂ©galitĂ©s sociales dont sont victimes les classes populaires, l’exploitation des travailleurs flexibles par des stables, la prĂ©caritĂ© et le chĂŽmage des non-diplĂŽmĂ©s, conduit Ă  une exaspĂ©ration qui s’exprime dans les urnes. Le dĂ©bat sur l’état des inĂ©galitĂ©s est loin d’ĂȘtre Ă  la hauteur. Un grand nombre de commentateurs refusent de voir les consĂ©quences de cette montĂ©e des Ă©carts entre milieux sociaux. À l’opposĂ©, la dramatisation n’aide pas davantage. Ainsi par exemple, l’école française n’amplifie pas les inĂ©galitĂ©s comme l’a pourtant indiquĂ© rĂ©cemment un rapport officiel [2]. Le modĂšle d’un État social Ă  la française, s’il n’a rien de providence », n’est pas Ă  l’agonie notre pays demeure l’un des pays oĂč il fait le meilleur vivre sur la planĂšte. Les autres pays sont loin de faire mieux que la France, y compris dans le do Ils’implique et « prend part » Ă  sa co-construction, Ă  ses valeurs, Ă  ses cultures, Ă  ses normes, etc. Et Fraser de rajouter que la lutte contre les inĂ©galitĂ©s sociales nĂ©cessite de penser Ă  l’intĂ©gration de la redistribution et de la reconnaissance en tant que composantes de la justice sociale. Ce qui l’amĂšne Ă  porter un regard critique sur la thĂ©orie de la reconnaissance
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  • comment les inĂ©galitĂ©s sociales portent atteinte Ă  la cohĂ©sion sociale