Laproblématique d'ensemble que pose ce texte est celle de la définition même du moi (ego), en tant que sujet ou personne. Pascal, qui notera ailleurs que "le moi est haïssable", s'interroge ici sur ce qui peut en constituer l'essence, voire même si cette essence ne serait pas inaccessible à la conscience de soi et du soi des autres.
Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là , puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. Et si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. Pascal, Pensées, "Qu’est-ce que le moi ?" Laf. 688, Sel. 567. - Proposition de traitement en 2H sur table par Pauline Giraudon, Lycée Albert Ier de Monaco,TES3, novembre 205. Blaise Pascal, dans son ouvrage Les Pensées écrit en 1670, aborde la notion du moi ». On considère d’ordinaire que le moi » représente une personne en son intégrité et qu’il est donc facile à trouver. Pascal veut au contraire montrer que le moi » est introuvable, car, selon lui, il représente la substance qui demeure permanente au sein d’un être changeant. Pour le démontrer, il utilise l’exemple de l’amour. Pascal s’interroge donc Qu’est-ce que le moi ? Où pouvons-nous le trouver ? ». Pour y répondre, il écrit une première partie sur l’apparence physique qui n’est pas le moi » de la personne, de la ligne 1 à la ligne 9, ensuite, dans une deuxième partie, il écrit que ni l’âme, ni la mémoire, ni le corps ne suffisent à définir le moi », de la ligne 10 à la ligne 18, et enfin il termine en critiquant les rôles sociaux que nous jouons, qui ne représentent pas non plus notre moi », de la ligne 19 à la ligne 21. La première phrase du texte lance la problématique Qu’est-ce que le moi ? » Pascal recherche-t-il donc son moi » ou essaye-t-il de trouver celui de chacun d’entre nous ? Il continue avec une autre question s’il marche dans la rue et qu’un homme se met à la fenêtre, est-ce la raison pour laquelle l’homme est sorti ? Il répond à cette question négativement, car l’homme ne pensait pas à lui. En effet, si l’homme ne le connait pas ou ne sait pas qu’il est au bas de la fenêtre, il ne pensera pas à lui, et il ne sera pas la "raison" de sa sortie. En revanche, il est possible, dans un autre contexte, celui dans lequel l’homme de la fenêtre connaitrait Pascal et savait qu’il était là , que l’homme serait peut-être sorti pour le voir. En revanche, il utilise un autre exemple, celui de l’amour, qui occupera le reste du texte et qui s’oppose à celui de l’homme à la fenêtre, car, quand on aime quelqu’un, on y pense souvent et la personne aimée devient la raison de plusieurs de nos actions. Pascal pose alors la question rhétorique l’homme qui aime quelqu’un pour sa beauté l’aime-t-il ? Question à laquelle il répond encore une fois non ». Selon lui, la beauté physique ne dure pas, donc l’amour est lui aussi éphémère. En effet, en vieillissant, l’apparence physique se dégradant, ce qui rendait une personne attrayante n’est plus, donc l’amour pour le seul "physique" n’existera plus. Par exemple, dans le Dom Juan de Molière, le personnage éponyme séduit de nombreuses femmes par son physique idéal, plus que par ses qualités intellectuelles. Seront-elles présentes, quand il sera vieux et repoussant ? L’aiment-elles donc vraiment pour son moi » ? Dans la deuxième partie du texte Pascal évoque les facultés abstraites de l’homme, comme son »jugement » et sa mémoire » Il se demande si elles représentent son moi », mais, selon lui, l’homme peut changer de jugement et perdre sa mémoire, au fil du temps. Or, l'auteur pense que le moi » est une substance qui reste intacte au cours des années. Pour résumer il affirme que l’on aime une personne pour ses qualités du corps et de l’âme qui sont périssables » Pascal laisse donc entendre que la vieillesse altère l’amour, car on perd notre corps et notre âme. On peut cependant penser qu’une vieille personne peut avoir gardé son âme d’enfant, et être aimée pour cela, bien que cela ne représente pas son moi ». Pascal conclut radicalement en affirmant qu’ on n’aime jamais personne, mais seulement des qualités » en utilisant des expressions très fortes jamais, personne, seulement ». On peut cependant contester une telle affirmation aimer quelqu’un n’est-ce pas aussi aimer ses qualités ? Pascal termine en évoquant les rôles sociaux que nous jouons. Il dit qu’il existe des personnes qui se font honorer pour des charges et offices » En effet, lorsque l’on tient un rôle important dans la société, on se montre à des événements, en se mettant plus facilement en avant que d’autres. Pascal dit que ces personnes sont moquées car elles doivent être jalousées. Il dit aussi qu’il faut arrêter de se moquer d’elles, car c’est de l’hypocrisie. Effectivement, ces personnes essayent de se faire aimer non pas pour elles-mêmes, mais pour leur place sociale. Il affirme aussi que l’on n’aime personne que pour des qualités empruntées » c’est-à -dire que l’on n’aime personne pour sa vraie valeur, son moi ». Il est vrai que la société peut être comparée à une soirée déguisée dans laquelle chacun possède une autre identité, qu’il trouve souvent meilleure et plus attrayante que la sienne. En revanche, dans la vie nous ne savons pas qu’il existe cette soirée déguisée », et que chacun se cache derrière un masque, et nous aimons donc naïvement ce masque. Comment faire alors pour aller au-delà du masque, où se trouve, peut-être, le moi » ? Mais ne peut-on pas aussi se demander ce moi » existe-t-il vraiment ? Ainsi, dans ce texte, Pascal est à la recherche du moi », qu’il ne trouve ni dans l’apparence physique, ni dans les qualités du corps et de l’âme. Tout ce qu’il trouve c’est que le moi est la substance d’un être qui reste inchangée au cours du temps. Le moi » reste donc introuvable ». On peut donc se poser la question de l’existence effective de ce moi ».
Page1 sur 4. Commentaire philo Pascal, le moi. Blaise Pascal, né le 19 juin 1623 à Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand) en Auvergne et mort le 19 août 1662 à Paris, est un mathématicien, physicien, inventeur, philosophie, moraliste et théologien français, nous allons étudier un extrait de son livre intitulé “Pensées” paru en
Pascal, Qu’est-ce que le moi ? » Exemple d’une première et d’une deuxième partie d’explication de texte. Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là , puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on ? moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. I – Présentation du texte et de ses difficultés Blaise Pascal - Pensées 688 - Édition Lafuma, 323 - Édition Brunschvicg Ce texte de Pascal est introduit par une question simple Qu’est-ce que le moi ? », question qui précède deux paragraphes dans lesquels on peut distinguer deux parties et une conclusion. La première partie est composée d’une série de trois questions-réponses, qui semblent vouloir séparer l’idée du moi de ce qui n’est pas elle, c’est-à -dire l’ensemble des qualités, même des qualités morales ». La deuxième partie est elle aussi constituée d’une série de questions l’auteur semble indiquer que le moi est inconnaissable, inaccessible Où est donc ce moi… ? », et que l’illusion qu’il soit possible d’aimer quelqu’un pour son moi » doive céder la place à ce constat un peu amer On n’aime jamais personne, mais seulement des qualités ». La conclusion, paradoxale, est en forme de morale ne méprisons pas ceux qui courent après les honneurs, car s’il y a quelque chose de non superficiel, il est probablement inaccessible, et nous ne nous attachons jamais à la substance de l’âme », mais uniquement à des qualités empruntées ». On peut remarquer que cette structure linéaire se double d’une structure thématique à la question de la nature du moi se superpose la question qu’aime-t-on quand on aime ? La première semble ne recevoir aucune réponse satisfaisante ce qui est sans doute un type de réponse ; la seconde aboutit à la conclusion pessimiste en apparence on n’aime jamais personne… », et justifie la conclusion Qu’on ne se moque donc plus… car on n’aime personne que pour des qualités empruntées ». Ces deux questionnements sont évidemment ici solidaires. Le lien entre les deux questions est donc sans doute un des enjeux d’une interprétation de ce texte. Si nous rentrons dans le détail de ce texte, un certain nombre de difficultés se surajoute à l’aspect déjà obscur du passage. Commentaire [E1] Présentation linéaire globale » Commentaire [E2] Présentation thématique mais qui annonce aussi, pour finir, un plan possible, ou une piste de travail.
0004:34 - durée : 00:04:34 - Un été avec Pascal - par : Antoine Compagnon - Il y avait en Pascal un jouteur et un joueur. Il aimait les masques, les doubles,
Qu’est-ce que le moi ?Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là , puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. »
Pascal, auteur chrétien, grand scientifique, se pose une question : « Qu'est ce que le moi ». Cette problématique, de nature humaine, est une recherche a laquelle beaucoup de philosophe ont tenté de répondre, en vain. Pascal voulait absolument acquérir le savoir du moi, de quoi était il fait, était il réel ou n'était-il qu'une
Saint Luc nous décrit ta vie comme une longue marche vers Jérusalem. C’est là que tu termineras ta mission sur terre ; C’est de là que tu retourneras au Père, En entraînant après toi tout le peuple de Dieu. Moi aussi, je suis en route vers la nouvelle Jérusalem, Le ciel nouveau, la terre nouvelle, où la mort ne sera plus Ap 21, Vers cette maison paternelle où tu nous prépares une place Jn 14,3. Mais est-ce que j’y pense ? Est-ce là le vrai but de ma vie ? Ou est-ce que je ne reste pas dans mes soucis terrestres seulement ? Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Toi, Seigneur, tu es tout donné à la mission que le Père t’a confiée. Tu retournes vers lui, mais en accomplissant le travail qu’il te demande. Aux gens que tu rencontres, dans les villes et les villages que tu traverses, Tu annonces la Bonne Nouvelle. Tu dis à tous l’amour du Père Et tu les invites à accueillir, à répondre à cet amour… Et moi ? Est-ce que ma vie est un appel pour les autres, Une prédication vivante » pour leur indiquer la vraie route, Les amener vers toi, le seul chemin qui conduit au but de la vie ? Est-ce que je les aide à se poser les vraies questions ? N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? Tu ne réponds pas à cette demande. Mais tu ramènes tes auditeurs sur la question essentielle, La question qui nous concerne tous et de très près Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ! Tu nous dis Ne perdez pas votre temps dans les discussions inutiles, Poursuivez votre marche. Le but est proposé à tous, mais il faut que chacun fasse l’effort de te suivre… Or, ce n’est pas sur l’autoroute de la facilité que tu nous emmènes, C’est sur le rude sentier de l’amour… C’est par la porte étroite de l’oubli de soi, du don de soi, qu’il faut entrer. Aide-moi, Seigneur, à me débarrasser de tout ce qui m’encombre, De tout qui retarde ma marche à ta suite ! Débarrasse-moi de moi
yY1fhlw. 4shewb8c6m.pages.dev/3794shewb8c6m.pages.dev/2014shewb8c6m.pages.dev/6314shewb8c6m.pages.dev/8684shewb8c6m.pages.dev/9404shewb8c6m.pages.dev/2404shewb8c6m.pages.dev/7374shewb8c6m.pages.dev/8544shewb8c6m.pages.dev/7544shewb8c6m.pages.dev/8434shewb8c6m.pages.dev/7114shewb8c6m.pages.dev/1004shewb8c6m.pages.dev/8784shewb8c6m.pages.dev/2464shewb8c6m.pages.dev/34
pascal qu est ce que le moi